Astérix – La grande traversée – n°22
Le point de départ : un problème de poisson
L’histoire s’ouvre dans le petit village gaulois armoricain. Ordralfabétix, le poissonnier, n’a plus rien à vendre : ses cargaisons venues de Lutèce tardent et Panoramix, le druide, insiste sur le fait qu’il a besoin de poisson frais pour certaines potions. Devant cette pénurie, Astérix propose de partir pêcher lui-même. Obélix, toujours enthousiaste lorsqu’il s’agit de nourriture et d’aventures, se joint à lui.
Ils embarquent donc sur une petite barque, persuadés qu’ils ne seront partis que quelques heures. Mais la mer en décide autrement : une tempête se lève, les vagues les emportent loin de la côte armoricaine, et les deux compères se retrouvent perdus au milieu de l’océan.
La traversée et la découverte d’une terre inconnue
Après plusieurs jours d’errance, fatigués, affamés et désorientés, Astérix et Obélix aperçoivent enfin la terre. Soulagés, ils accostent, mais cette côte n’a rien de familier. La végétation, les animaux et même l’air semblent différents. Sans le savoir, ils viennent de mettre le pied sur un continent inconnu pour les Européens de l’époque : l’Amérique.
Obélix, toujours préoccupé par son estomac, s’interroge sur la comestibilité des animaux rencontrés, tandis qu’Astérix observe avec curiosité ce nouvel environnement.
La rencontre avec les Indiens
Très vite, ils tombent sur des Indiens d’Amérique. Le premier contact est marqué par des quiproquos et de l’incompréhension, puisque chacun parle une langue incompréhensible pour l’autre. Les Gaulois sont surpris par leurs coutumes, et les autochtones observent avec étonnement la force phénoménale d’Obélix, qui terrasse sans effort des guerriers impressionnants.
Astérix tente la diplomatie, mais comme souvent dans la série, cela finit en bagarre générale. Les scènes comiques s’enchaînent : les Indiens volent dans les airs sous les coups d’Obélix, des huttes s’écroulent, et l’on retrouve le comique visuel typique d’Uderzo. Finalement, les Gaulois parviennent à s’extraire de la situation et décident de chercher un moyen de repartir.
La rencontre avec les Vikings
Alors qu’ils se demandent comment retrouver leur village, une autre embarcation arrive sur ces rivages : ce sont des Vikings explorateurs. Goscinny et Uderzo les présentent comme de grands guerriers nordiques, courageux mais un peu naïfs. Les Vikings s’étonnent de voir ces petits hommes venus d’ailleurs. Comme souvent, le dialogue tourne court et une nouvelle bagarre éclate.
Obélix s’en donne à cœur joie, tandis qu’Astérix, plus réfléchi, comprend que ces Vikings disposent d’un bateau suffisamment solide pour traverser l’océan. Après plusieurs péripéties, les Gaulois réussissent à embarquer sur leur navire.
Le voyage de retour
La traversée du retour est difficile : tempêtes, faim, disputes avec les Vikings… Obélix répète sans cesse qu’il a faim, ce qui agace Astérix mais amuse les lecteurs. Finalement, après un long périple, ils aperçoivent de nouveau des côtes. Soulagés, ils débarquent, pensant retrouver leur Armorique bien-aimée.
Sauf qu’ils se retrouvent en territoire romain. Évidemment, des légionnaires surgissent et veulent les arrêter. La scène se termine comme toujours : une raclée mémorable est administrée aux soldats, qui s’envolent dans les airs et laissent le champ libre aux irréductibles Gaulois.
Le retour triomphal au village
Astérix et Obélix finissent par retrouver leur chemin jusqu’au village. Les habitants, inquiets de leur longue absence, sont d’abord surpris de les voir revenir. Le contraste est comique : partis simplement chercher du poisson, ils reviennent après avoir traversé l’océan, découvert un nouveau continent, rencontré des Indiens et des Vikings.
Bien sûr, comme dans chaque album, l’histoire se conclut par le traditionnel banquet sous les étoiles. Toute la communauté se retrouve autour d’une table remplie de sangliers rôtis. Seul Assurancetourix, le barde, est réduit au silence, ligoté et bâillonné, car ses chansons gâcheraient la fête.
Les thèmes et l’humour de l’album
La Grande Traversée est l’un des albums emblématiques de la série, car il joue sur plusieurs ressorts :
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L’anachronisme historique : Goscinny et Uderzo s’amusent à imaginer que des Gaulois découvrent l’Amérique bien avant Christophe Colomb.
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Le choc des cultures : Les Gaulois croisent les Indiens et les Vikings, ce qui donne lieu à des quiproquos comiques et des scènes d’action hilarantes.
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La caricature et la parodie : Les Indiens et les Vikings sont représentés de façon humoristique, jamais réaliste, renforçant le côté universel de la bande dessinée.
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L’humour de caractère : Obélix, obsédé par son ventre, répète sans cesse qu’il a faim ; Astérix, plus malin, tente d’analyser et de négocier ; ensemble, ils forment un duo équilibré qui fait la force de l’histoire.
Conclusion
Ce 22ᵉ album, publié en 1975, reste un grand classique de la série. En envoyant leurs héros gaulois de l’autre côté de l’Atlantique, Goscinny et Uderzo réussissent un pari : élargir l’univers d’Astérix tout en restant fidèles à l’esprit d’aventure, d’humour et de dérision historique.
Avec son mélange de satire, d’action et de comique visuel, La Grande Traversée demeure un épisode inoubliable où Astérix et Obélix prouvent une fois encore que, même perdus au bout du monde, ils restent invincibles grâce à leur amitié et à leur esprit irréductible.